En zone €uro, l’enquête dans l’industrie de janvier annonce une légère amélioration. Ceci ne doit pas masquer le clivage qui s’accentue entre les pays du nord, qui profitent de la bonne orientation de la conjoncture mondiale, et ceux du sud dont la demande intérieure se replie sous l’impact des ajustements budgétaires opérés. Néanmoins, dès les premiers jours de 2012, Standard and Poor’s a dégradé les notes de plusieurs pays alors que l’activité a décéléré sans s’effondrer en dépit des turbulences financières.
Le PIB de la zone aurait toutefois reculé de –0,3% au quatrième trimestre 2011, selon la dernière estimation d’Eurostat. Le rebond en janvier des indices PMI ou l’augmentation de l’indice Ifo du climat des affaires allemand pour le troisième mois de suite en janvier suggèrent cependant que la récession ne s’accentue pas dans l’ensemble de la zone.
Source : Institut für Wirtschaftsforschung
Les déficits commerciaux de l’Espagne et de l’Italie se réduisent. L’inflation, en moyenne sur l’année 2011, aura été de +2,7% contre +1,6% en 2010. Le glissement annuel s’est maintenu à +2,7% en janvier, après être resté à +3% de septembre à novembre. Sur la première moitié de l’année 2011, les tensions inflationnistes ont surtout reflété la fermeté des prix des matières premières. La hausse des prix de l’énergie a dépassé +10%, un rythme pas très éloigné des pics observés au milieu des années 2000.
La dispersion des performances économiques est particulièrement visible en matière de finances publiques. Si l’Allemagne se rapproche de l’équilibre avec l’annonce d’un déficit de 1,3% du PIB en 2011, le déficit public grec s’afficherait à 8,9% du PIB et le déficit espagnol à 6,6%. En 2011, le solde budgétaire agrégé de la zone €uro a affiché un déficit équivalent à 4,1% du PIB, un niveau qui dépasse le seuil de référence de 3% du PIB fixé par le Pacte de stabilité et de croissance, mais qui est en recul de 2,1 points de PIB par rapport à 2010. Parmi les grandes économies développées, la zone €uro est celle qui présente le déficit budgétaire le moins élevé. Celui-ci ressort à 10,1% du PIB aux États-Unis et s’affiche à 9,5% du PIB au Royaume-Uni et à 7,2% du PIB au Japon.
Malgré la colère de la rue, le gouvernement grec de M. Papademos se prépare, à l’issue de l’accord passé dans la nuit du 21 février avec les pays de l’UEM, à "sabrer" 3,3 milliards d’€uros supplémentaires dans ses déficits publics, à travers les enveloppes de l’assurance-maladie, du salaire minimum et de la défense et accepte un contrôle permanent de l’Union Européenne et du FMI sur ses comptes.
En contrepartie, la Grèce a obtenu, au terme d’une double négociation, un effacement inédit de 107 milliards d’€uros de dettes privées, accepté en principe par les banques, et d’une aide européenne d’au moins 130 milliards d’€uros. Par rapport au premier plan de sauvetage de 110 milliards présenté en mai 2010 comme un remède miracle, la version de février 2012 couvre les huit prochaines années, mais, à terme, elle ne garantit plus avec certitude l’allègement initialement espéré du fardeau de la dette (120% du PIB en 2020).
Source : Eurostat
Sous peine de défaut de paiement, le gouvernement grec aurait dû concrétiser un accord avec ses créanciers avant le 20 mars, date butoir à laquelle 14,5 milliards d’emprunts d’État viendront à échéance. Il est à noter que toute assistance, remise de dettes et contribution confondues, la Grèce aura coûté depuis vingt mois plus de 350 milliards d’€uros à l’UE, aux banques et aux institutions internationales, soit autant que l’ensemble de la dette du pays. C’est sans doute le prix à payer pour éviter une possible contagion des faillites au Portugal, à l’Espagne, voire à l’Italie, au beau milieu d’une récession européenne. Au quatrième trimestre 2011, le PIB de la Grèce a baissé de –7% à un an d’intervalle.